Les NGUYEN ont toujours été #Zérodéchet

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2 ans d’existence, 2 ans que le programme #Zérodéchet mis en place à Roubaix me parle et m’interpelle. Merci @AlexandreGarcin, le papa de cette belle initiative !

Loin de suivre à la lettre l’exemple de @BeaJohnson, la grande Papesse de cette cause, je contribue comme je peux afin de rendre notre environnement meilleur. Selon moi, le #Zérodéchet ne se résume pas à réduire nos ordures ménagères. Il s’intègre dans une démarche écologique globale bousculant ainsi tous nos gestes du quotidien.

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Cela semble être un bouleversement, une totale remise en cause de nos habitudes ! En réalité, je suis convaincu que nous avons tous une âme #Zérodéchet, #antigaspillage, #recyclage enfouie dans notre subconscience. Et cela n’a pas été trop difficile de RÉ-ACTIVER cette face cachée qui somnolait en moi. En effet, issu d’une grande famille, mes parents m’ont toujours appris à éviter les gaspillages.

Ma mère, cuisinière hors-pair, avait l’art et la manière d’accommoder les restes. On n’y voyait que du feu ! On avait toujours l’impression de manger de nouveaux plats. Elle allait ensuite enterrer ses déchets dans le jardin. Oui Maman Nguyen compostait !

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Couturière de métier, elle recyclait les vieux vêtements, cousait des parures de lit et nous faisaient des pyjamas avec les chutes, me faisait des habits avec les pièces en trop de ses clients. OUI je faisais penser à @ThierryLhermitte dans Le Père Noël est une Ordure. NON je n’avais pas peur de porter un sweat gris avec une manche rouge et l’autre bleu. Je lançais les tendances… malheureusement personne les suivaient 🙂

Mes frères, quant à eux, aimaient passer leur temps dans les décharges publiques, les vieux chantiers, les carrières. Ils récupéraient, décapaient, retapaient, réparaient tout ce qu’ils trouvaient. Ils avaient des mains en or, des mains de magicien. Un coup de tournevis magique et les vieux objets reprenaient vie. Je souhaitais, ils exhaussaient. Ainsi étagères, établi, bureau, table de ping pong, jouets… tous provenaient de la récupération.

Comment oublier ses 1ères échasses, son 1er vélo de course vert pomme, sa 1ère mobylette ? Même ma 1ère voiture était #Homemade. Une carcasse de Visa, un moteur de 205, des roues d’une fourrière, quelques fleurs peintes façon Interflora et me voilà au volant d’un bolide beatnik sur les routes de Normandie.

Moi aussi, j’avais ma façon particulière pour ne pas gaspiller. J’allais dans les jardins des maisons inhabitées pour cueillir leurs fleurs. Comme disait @GuyRoux dans les Guignols « faut pas gâcher ! ». Avec mon air angélique, je faisais ensuite du porte à porte pour les vendre. En théorie, je voulais offrir un cadeau d’anniversaire à ma Mère ; en pratique j’allais m’acheter des bonbons chez #Mammouth.

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Aujourd’hui, on appelle cela #Zérodéchet, #Upcycling, #Ecologie… dans mon enfance mes parents disaient simplement #FaireDesEconomies. Et dernièrement, j’ai eu le plaisir de renouer avec cette âme d’enfant chez ma sœur, en Angleterre. Durant le repas, je remarque un lot de vieilles chaises brinquebalantes négligemment abandonnées dans un coin de sa terrasse.

Comme je devais changer les miennes, celles-ci m’interpellent par leur simplicité. Mi-curieux, mi-intéressé, je lui demande :
– C’est quoi ces chaises ? Pourquoi tu les laisses traîner comme ça ?

– C’est ton beau-frère qui les a ramassées dans la poubelle d’un resto chinois à Londres – dit-elle d’un air dépitée.

Et oui, la récup était et reste une affaire de famille !… Yeux brillants, regard de biche, voix suave, je lui fait mon numéro de charme, celui qui faisait craquer mes parents. Et me voilà traversant la Manche avec ces 6 vieilles chaises dans mon coffre au grand désespoir de Fred, toujours étonné mais résigné par mes idées loufoques. Heureusement qu’on n’a pas pris ma #Fiat500 !

Beaucoup de travail m’attendait à mon retour. La rénovation n’allait pas être une simple affaire. Il fallait encore décaper pour retirer la couche de laque, consolider les pieds et assises, poncer, teinter et enfin vernir. 1 an en tout et pour tout !

1 an de patience – et quelques euros en moins – mais quelle quelle fierté d’avoir des chaises uniques, des chaises recyclées, des chaises qui ont une histoire ; l’histoire d’un petit arbre au bois rouge qui a grandi dans une forêt équatoriale et qui a fini ses jours dans un atelier pour être transformé en chaises de restaurant chinois où des milliers de personnes se sont assis sans même y prendre garde.

Et ces chaises sont maintenant MES chaises, elles sont chez MOI et je fais partie de LEUR histoire !

Vous voulez manger quoi ce soir?

UNE DISCUSSION D’AUTREFOIS

ma mère : Je vous prépare quoi ce soir?
mon père : thit kho (porc au caramel)
ma soeur : canh chua (soupe au tamarin)
moi : banh xeo (crêpe vietnamienne, mon plat préféré)
ma mère : ok, banh xeo
eux : encore? et nous?
ma mère : arrêtez de vous plaindre ! c’est le dernier !

Repas avec les neveux

Repas avec les neveux

Une discussion banale qui résume toute mon enfance. Au grand désespoir de mon père, mes frères et soeurs, ma mère me faisait toujours les plats que j’aimais. Elle trouvait que j’avais du goût en matière de cuisine car je demandais toujours des choses compliquées et cela lui plaisait. J’étais sa petite fierté; son plaisir était de me préparer un plat et de me regarder le manger. Elle surveillait la moindre de mes réactions. Et si, par malheur, je n’aimais pas, JAMAIS elle ne le refaisait. Elle me disait même « Pourquoi tu vas au restaurant? Ça coûte cher ! » C’était sa façon de dire que rien n’égalait sa cuisine.

J’adorais ça ! Imaginez-vous enfant et ne manger que les choses qui vous plaisent. Je mangeais de tout, j’aimais tout. Enfin, c’est ce que je pensais. Je me suis rendu compte plus tard que j’étais hyper difficile car ma mère était une cuisinière hors pair. En fait, je mangeais de tout mais uniquement ce qu’elle cuisinait.

Un plat de ma soeur

Un plat de ma sœur

Vous vous doutez que la cuisine occupe une place très importante dans une famille vietnamienne. Après l’éducation des enfants, la cuisine est l’autre sujet de discussion des mères vietnamiennes. Elles discutent, elles échangent leur recette, elles se jalousent. Bien sûr, on oublie volontairement de mentionner quelques ingrédients pour éviter que leur plat soit meilleur que le nôtre.

Le graal est d’être reconnue comme la meilleure cuisinière dans son cercle d’amies! Et ma mère ne faisait pas exception. Elle adorait les défis, les choses compliquées et longues à préparer. Elle passait des heures et refaisait les plats jusqu’à ce qu’elle en soit satisfaite. Elle était perfectionniste. Je vois encore le regard dépité de ma soeur et moi : « oh non, pas encore son gâteau marron ! » (nous l’avions même baptisé entre nous « gâteau caca »…). Une fois satisfaite, elle cuisinait le plat à ses amies et se pavanait en disant  » Vous aimez mon plat? J’ai improvisé un petit truc rapide. » ( Ben voyons Maman, on te croit !)

Pour elle, un plat ne devait manquer de rien. A chaque plat sa sauce, ses herbes, son assaisonnement. Non seulement ,il devait être bon mais il devait aussi être beau. Combien de fois ne l’ai -je entendu s’excuser auprès de ses amis parce qu’en l’aidant, je n’avais pas coupé la viande ou les légumes comme il le fallait…Merci Maman !

Fondue vietnamienne

Fondue vietnamienne

Ma grande soeur d’Angleterre n’échappe pas à la tradition, elle est même devenue pire que ma mère. Vous connaissez des gens qui partent en vacances avec leurs casseroles, leurs ustensiles et leurs provisions ? Vous connaissez des gens qui ont 5 congélateurs et 2 frigos? (pour 2 personnes…)

Et je dois l’avouer, moi aussi je tiens de ma mère. Fred aime se moquer de moi et me faire remarquer que je suis devenu tout aussi exigeant…Je ne mange pas un plat quand il n’y a pas tout ce qu’il faut. Je ne vais que rarement dans un restaurant vietnamien car je sais que cela ne sera pas préparé comme ma mère l’aurait fait. Régulièrement, je lui dis : »Mais ce n’est pas comme ça qu’on coupe les carottes ! »

UNE DISCUSSION D’AUJOURD’HUI

Fred : On va au resto pour la Saint Valentin?
moi : Pourquoi aller au resto, tu ne veux pas que je te fasse un bon petit plat?
Fred : Y’en a marre de tes bons petits plats ! J’en mange tous les jours !

Maman, tes remarques me manquent, ta cuisine me manque, TU ME MANQUES ! 

Note de Fred sur la cuisine de Mounette*

Le rôti de veau aux coquillettes du samedi midi ne passe toujours pas. Maman, ta cuisine ne me manque pas tant que ça.
*ma belle-mère