Les NGUYEN ont toujours été #Zérodéchet

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2 ans d’existence, 2 ans que le programme #Zérodéchet mis en place à Roubaix me parle et m’interpelle. Merci @AlexandreGarcin, le papa de cette belle initiative !

Loin de suivre à la lettre l’exemple de @BeaJohnson, la grande Papesse de cette cause, je contribue comme je peux afin de rendre notre environnement meilleur. Selon moi, le #Zérodéchet ne se résume pas à réduire nos ordures ménagères. Il s’intègre dans une démarche écologique globale bousculant ainsi tous nos gestes du quotidien.

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Cela semble être un bouleversement, une totale remise en cause de nos habitudes ! En réalité, je suis convaincu que nous avons tous une âme #Zérodéchet, #antigaspillage, #recyclage enfouie dans notre subconscience. Et cela n’a pas été trop difficile de RÉ-ACTIVER cette face cachée qui somnolait en moi. En effet, issu d’une grande famille, mes parents m’ont toujours appris à éviter les gaspillages.

Ma mère, cuisinière hors-pair, avait l’art et la manière d’accommoder les restes. On n’y voyait que du feu ! On avait toujours l’impression de manger de nouveaux plats. Elle allait ensuite enterrer ses déchets dans le jardin. Oui Maman Nguyen compostait !

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Couturière de métier, elle recyclait les vieux vêtements, cousait des parures de lit et nous faisaient des pyjamas avec les chutes, me faisait des habits avec les pièces en trop de ses clients. OUI je faisais penser à @ThierryLhermitte dans Le Père Noël est une Ordure. NON je n’avais pas peur de porter un sweat gris avec une manche rouge et l’autre bleu. Je lançais les tendances… malheureusement personne les suivaient 🙂

Mes frères, quant à eux, aimaient passer leur temps dans les décharges publiques, les vieux chantiers, les carrières. Ils récupéraient, décapaient, retapaient, réparaient tout ce qu’ils trouvaient. Ils avaient des mains en or, des mains de magicien. Un coup de tournevis magique et les vieux objets reprenaient vie. Je souhaitais, ils exhaussaient. Ainsi étagères, établi, bureau, table de ping pong, jouets… tous provenaient de la récupération.

Comment oublier ses 1ères échasses, son 1er vélo de course vert pomme, sa 1ère mobylette ? Même ma 1ère voiture était #Homemade. Une carcasse de Visa, un moteur de 205, des roues d’une fourrière, quelques fleurs peintes façon Interflora et me voilà au volant d’un bolide beatnik sur les routes de Normandie.

Moi aussi, j’avais ma façon particulière pour ne pas gaspiller. J’allais dans les jardins des maisons inhabitées pour cueillir leurs fleurs. Comme disait @GuyRoux dans les Guignols « faut pas gâcher ! ». Avec mon air angélique, je faisais ensuite du porte à porte pour les vendre. En théorie, je voulais offrir un cadeau d’anniversaire à ma Mère ; en pratique j’allais m’acheter des bonbons chez #Mammouth.

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Aujourd’hui, on appelle cela #Zérodéchet, #Upcycling, #Ecologie… dans mon enfance mes parents disaient simplement #FaireDesEconomies. Et dernièrement, j’ai eu le plaisir de renouer avec cette âme d’enfant chez ma sœur, en Angleterre. Durant le repas, je remarque un lot de vieilles chaises brinquebalantes négligemment abandonnées dans un coin de sa terrasse.

Comme je devais changer les miennes, celles-ci m’interpellent par leur simplicité. Mi-curieux, mi-intéressé, je lui demande :
– C’est quoi ces chaises ? Pourquoi tu les laisses traîner comme ça ?

– C’est ton beau-frère qui les a ramassées dans la poubelle d’un resto chinois à Londres – dit-elle d’un air dépitée.

Et oui, la récup était et reste une affaire de famille !… Yeux brillants, regard de biche, voix suave, je lui fait mon numéro de charme, celui qui faisait craquer mes parents. Et me voilà traversant la Manche avec ces 6 vieilles chaises dans mon coffre au grand désespoir de Fred, toujours étonné mais résigné par mes idées loufoques. Heureusement qu’on n’a pas pris ma #Fiat500 !

Beaucoup de travail m’attendait à mon retour. La rénovation n’allait pas être une simple affaire. Il fallait encore décaper pour retirer la couche de laque, consolider les pieds et assises, poncer, teinter et enfin vernir. 1 an en tout et pour tout !

1 an de patience – et quelques euros en moins – mais quelle quelle fierté d’avoir des chaises uniques, des chaises recyclées, des chaises qui ont une histoire ; l’histoire d’un petit arbre au bois rouge qui a grandi dans une forêt équatoriale et qui a fini ses jours dans un atelier pour être transformé en chaises de restaurant chinois où des milliers de personnes se sont assis sans même y prendre garde.

Et ces chaises sont maintenant MES chaises, elles sont chez MOI et je fais partie de LEUR histoire !

42 ans, enfin gâté pour #Noël !

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Comme vous le savez déjà, Noël n’a jamais été ma tasse de thé. Une tradition qui n’est pas mienne, un élan de générosité qui m’étonne, une avalanche de cadeaux qui m’impressionne… Et ce #Noël2015 n’allait certainement pas faire exception ! Et pourtant si ! Je me suis bien trompé sur toute la ligne.

Pour la 1ère fois, j’ai apprécié Noël ! En famille ou avec des amis, nous avons bu, nous avons ri et surtout nous avons échangé nos cadeaux comme d’habitude ; à une exception près, cette année ils ne devaient pas dépasser 5 €. Autant vous dire que je me suis pris au jeu et j’ai adoré.

Pour la 1ère fois, j’ai enfin trouvé le plaisir d’offrir, le plaisir de faire des cadeaux simples, des cadeaux originaux, des cadeaux qui viennent du cœur où l’imagination et la créativité leur donnent un caractère unique. Chaque cadeau a été un pur instant de fou rire.

Et enfin ,pour la 1ère fois, cette année, je peux l’affirmer haut et fort : OUI LE PÈRE NOËL M’A GÂTÉ !

En exclusivité, un florilège de mes cadeaux…

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LE + CHALEUREUX
Mère poule et toujours soucieuse de ma santé, Virginie a maintes fois tenté de me convertir au snood. Devant mon peu d’intérêt, elle a fini par m’en dénicher un. Merci Virginie, je sortirai toujours « couvert » grâce à toi !Cadeau1


LE + DÉCORATIF
Quand on est une fashionista, on pense forcément à la déco. Et Matisse, n’échappe pas à la règle ! « Tu peux mettre une bougie en dessous, ça va être magnifique » me dit-elle. Sauf qu’une flamme pour durer a besoin d’oxygène. Cours de physique, niveau 4e ! Ce n’est pas grave ma grande, on ne peut pas tout savoir. Il sera très beau quelque part sur la cheminée !
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LE + CRÉATIF
La fille de ma collègue, Colette, a voulu me remercier en m’offrant cette boule faite de ses propres mains. Tout simplement superbe ! Cadeau complètement inattendu, je suis complètement sous son charme.
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LE + UTILE
Restauratrice de métier ou peut-être obsédée par les mauvaises odeurs, ce savon anti-odeur était fait pour elle ! Et contrairement aux camelots, celui-ci fonctionne bel et bien. Testé aujourd’hui même, grâce à toi, Jeannette, je n’ai pas les doigts qui sentent la crevette en écrivant ses lignes !
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LE + LUDIQUE
Comme tout geek qui se respecte, il pense pratique, il pense ludique. Même un simple cahier de brouillon doit être instructif. Lali, sans toi, je n’aurais jamais eu l’idée de réviser mes tables de multiplication. Pour info, on a maintenant une calculette sur le smartphone !
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LE + RELAXANT
Ma grande sœur, depuis quelques temps, s’est reconvertie dans les massages Reiki. Son corps est maintenant un temple de spiritualité entouré des forces cosmiques. Selon elle, je dois me concentrer sur mon Chi et mon Qi (???) en m’ouvrant la méditation avec ses bougies en bambou. J’ai une vague idée…
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LE + GOURMAND
Fred connaît mon goût pour les bons chocolats et pour ne pas déroger à notre règle d’or « Quand on se déplace, on fait un cadeau. » j’ai eu droit à ses petits délices chocolatés signés Marc Pignot. Je ne le connais pas mais qu’importe, c’est une pure merveille !
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LE + ZEN
Comment, mon beau-frère, Jeff, a pu avoir eu l’idée de m’offrir un cadeau aussi délicat, spirituel, aussi BOBO? Lui, d’ordinaire plutôt branché foot et bière !… Comme quoi, il est aussi capable de me surprendre quand il daigne faire un effort… Tout côté obscur finit toujours par voir la lumière !
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MON COUP DE COEUR
Malin ce petit ! Il sait que j’adore les mugs, il sait que j’adore la céramique et comme par hasard il m’offre un mug chez une de mes céramistes préférées, #SophieMasson. Respect Massimo ! Tu as tout compris. C’est un sans faute, y’a rien à dire !
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LE + ARTISTIQUE
Quand on est « Ministre de la culture de RBX », on se doit de faire un cadeau artistique. Et quand on est, en plus, un Contrôleur de Gestion, on est forcément pragmatique… Voici donc, ma sculpture support à lunette façon Dali. Ne change rien Fred !
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LE + #ZÉRODÉCHET (photo à venir)
Celui-là a la Palme de l’emballage le plus original. C’est la 1ère fois que le contenant est plus intéressant que le contenu. Pour info, il y a un pot de confiture dans la poupée Russe. C’est peut-être ça le vrai cadeau et la confiture sert juste à remplir le vide. Sacrée Marie-Christine !
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LE + ÉTONNANT
C’est le cadeau de Fred mais j’ai voulu vous le présenter. Il n’a aucune utilité, aucun intérêt, et je n’ai pas de baignoire ! Mais il a le grand mérite de me faire rire. Et c’est ce type même de cadeau qu’on retient des années après. Bravo Massimo, t’as vraiment tout compris à l’art du cadeau.Cadeau5

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« … Petit papa Noel
Quand tu descendras du ciel
Avec des jouets par milliers
N’oublie pas mon petit soulier

Si tu dois t’arrêter
Sur les toits du monde entier
Tout ça avant demain matin
Mets-toi vite, vite en chemin.

Et quand tu seras sur ton beau nuage
Viens d’abord sur notre maison
Je n’ai pas été tous les jours bien sage
Mais j’en demande pardon… »

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Ho Ho Ho, plus de doute, Noël approche ! Nos cœurs se remplissent d’amour et de générosité. Les magasins rivalisent de décors féeriques. Les maisons fleurent bon le vin chaud. On partage, on donne sans compter, le bonheur n’a pas de prix. Telle un marronnier, « Petit papa Noël » revient chaque année nous emmener dans les contrées lointaines de la Laponie. Joyeux Noël à vous !

Cette chanson est l’esprit même de Noël. Sa mélodie a bercé toute notre enfance. Qui ne la connaît pas ? Qui ne la chantonne pas dès les premières notes ? Mais avez-vous réellement fait attention aux paroles ? Ouvrez vos oreilles… C’est l’histoire d’un enfant qui fait une piqûre de rappel au papa Noël (#3615 J’existe) ; qui lui dit d’appuyer sur le champignon histoire d’être dans les temps (#3615 Chronopost) ; et surtout qui lui propose de commencer par sa maison au cas où (#3615 Ma tronche d’abord). Rien que ça ! Trop pragmatique ? Pas assez rêveur ? Certainement, parce que Noël a toujours été une grande énigme pour moi.

Plus jeune, je ne comprenais ni le pourquoi, ni le comment de cette fête. Cette piété et cette générosité soudaine, cette frénésie de consommation, cette surexcitation générale étaient un grand mystère à mes yeux. Et pour cause, on ne fêtait pas Noël à la maison. D’une autre génération, d’une autre culture et surtout de confession bouddhiste, mes parents ne connaissaient ni d’Eve ni d’Adam Jésus, Marie, Joseph. Ils avaient d’autres préoccupations, d’autres soucis à gérer. Leur principale priorité était de subvenir à nos besoins et de veiller à notre réussite scolaire. Du coup, ils n’avaient jamais pris la peine de m’expliquer le sens des différentes traditions qui font tout le charme de la France.

Imaginez donc ma surprise quand j’ai vu pour le première fois ce gros bonhomme rouge avec sa barbe blanche chez #Mammouth, notre supermarché du coin. Il me demandait si j’avais été sage, me prenait dans ses bras, voulait qu’on nous prenne en photo… Pourquoi faire ?

À l’école, la maîtresse m’explique enfin : « À Noël, on fête la naissance de Jésus, le divin enfant. On appelle « père Noël » le monsieur en rouge que tu as vu. Il vit au pays ses lutins en Laponie. Ils fabriquent des jouets toute l’année et le soir du 24 décembre, il descend du ciel sur son traîneau et distribue ces cadeaux aux enfants sages. »

Je résume pour être certain d’avoir tout imprimé. À Noël, on fête la naissance de bébé Jésus. Tout le monde y compris les animaux se rassemble dans une étable pour guincher… Le père Noël, relooké par Coca-Cola pour l’occasion, arrive de sa Finlande pour leur offrir plein de cadeaux sponsorisés par Mattel, Apple, Sony, Playmobil & Cie. Génial, j’achète ! Je me voyais déjà sur une montagne de jouets. Oui monsieur, j’ai été sage même plus qu’une image !

Noel
Mais les cadeaux ne sont jamais arrivés. Attente, déception, tristesse, ainsi fut ma nuit de Noël. Je ne comprenais pas son absence. Qu’ai-je fait de mal ? S’est-il perdu ? Tant pis, je ferais mieux l’année prochaine. Et les années trépassent sans que père Noël ne passe. Quant à mes amis, ils avaient, chaque année, de nouveaux jouets, de nouveaux cartables, de nouveaux vêtements. Depuis ce jour, Noël a toujours été une grande incompréhension, une grande frustration, une grande injustice.

En 1980, j’ai eu l’occasion de passer mon premier Noël traditionnel dans une famille française. Un sapin énorme et richement décoré de vert et de rouge trônait au milieu du salon. J’observais les adultes discuter du menu. Je regardais les plus jeunes envelopper leurs derniers cadeaux. J’étudiais leurs moindres faits et gestes sans n’y rien comprendre.

Durant le repas, je découvrais pour la première fois tous ces plats typiques d’un réveillon. Comment oublier cette chose verdâtre et gluante, cette grosse saucisse blanche et ces petits sandwiches au pâté qu’on essayait de me faire manger ? C’était des huîtres, du boudin blanc et des toasts de foie gras. À l’époque, j’avais détesté. Mais ça c’était avant ! Comme rien n’était à mon goût, je réclamais ma mère. Je pleurais jusqu’au moment du dessert. J’avais adoré ce gâteau en forme tronc d’arbre. C’était de la bûche 🙂

Vint ensuite la distribution des cadeaux. Ce n’est pas réservé au père Noël ?… Visiblement, j’ai été sage cette année. J’ai aussi droit à mon cadeau, une bande dessinée des Schtroumpfs. C’est quoi ces bonshommes bleus ? T’as pas reçu ma lettre papa Noël ? Ce réveillon m’a rendu encore plus perplexe. Je suis rentré à la maison dubitatif !

Avec le temps, je me suis habitué. Les gens font la fête, s’offrent des cadeaux, les maisons sont décorées… mais cette fête n’est pas pour ma famille, elle n’est pas pour moi ! Je me disais que c’était juste une soirée à passer, qu’il fallait prendre son mal en patience. Demain sera un autre jour !

Je détestais surtout les retours de vacances. Je devais faire face à mes copains qui exhibaient fièrement leurs cadeaux. Je redoutais cette fameuse question « Tu as eu quoi pour Noël ? » Intérieurement, je pleurais. Quand j’appris que le Père Noël n’existait pas, une joie euphorique s’empara de moi. Enfin un peu de justice ! Mais la joie n’a été que de courte durée car l’année suivante on me reposait inlassablement cette même question : « Tu as eu quoi pour Noël ? » Alors pour être comme tout le monde, je m’inventais des cadeaux, des cadeaux encore plus beaux.

Souris
En fait, j’ai passé mon enfance à ne rien comprendre aux fêtes, aux us et coutumes français. Je subissais. Il y avait un grand décalage entre ce que me disaient les copains et ma réalité. Un jour, en leur demandant naïvement d’où venait tous leurs bonbons, ces derniers m’expliquent que c’est la petite souris la bienfaitrice ; qu’à la nuit tombée, elle venait chercher les dents perdues qu’ils avaient soigneusement posées sous l’oreiller. En échange, elle leur laissait sucreries et argent pour les remercier. Et ils me montraient leur bouche. En effet, il manquait des dents. J’étais aux anges. Moi qui allait bientôt me faire enlever 9 dents de lait, j’allais toucher le jackpot. Et tout comme le père Noël, le petite souris a dû se perdre en route et les dents sont restés des jours sous mon oreillers.

Nicolas
Le 6 décembre, c’est la saint Nicolas. Ma ville organisait des animations à cette occasion. On devait récupérer un maximum de friandises pour un goûter géant à la salle des fêtes. Un grand Monsieur avec une barbe banche accompagné d’un autre vêtu de noir ouvraient le bal. Les enfants les suivaient de près. Ils scandaient tous en cœur « On veut des gâteaux, on veut des gâteaux » ; comme eux, je criais aussi. Je hurlais à en perdre la voix. Ils ont ensuite goûté ; je mangeais alors avec eux. Je ne me posais pas de questions. Je suivais la foule. Je les imitais. J’apprenais.

Idem pour les anniversaires; ma mère ne pouvait pas se permettre de fêter les anniversaires avec 8 enfants et faire de la couture en même temps. Elle se souvenait à peine de notre âge. Et le plus comique reste la fête des mères où je revois encore son regard éberlué devant mon poêle en terre cuite peint en jaune avec « Bonne fête maman » d’une écriture hésitante bavant de tout part. Elle est restée bouche bée devant la beauté approximative de ce cadeau et fut surtout surprise d’apprendre que c’était sa fête. Elle l’a pris et l’a posé à côté de sa machine à coudre. Je ne lui ai jamais refait de cadeau.

Anniversaire
Depuis, les choses n’ont pas vraiment changé. Noël, les anniversaires, ne sont toujours pas pour moi. Je les fête par respect mais au fond de mon cœur, je ne ressens aucune joie. Bien au contraire, ces fêtes me rappellent les tristes souvenirs de mon enfance.

Aujourd’hui, ma famille et moi, célébrons Noël pour les enfants afin de leur éviter toute frustration. Pour nous les adultes, c’est avant une occasion de se réunir et faire la fête à la mémoire de nos parents.

Et cette année, ça se passe chez moi et on sera 21. Jésus, Marie, Joseph, comment je fais m’en sortir ! #HELP

Manger comme « Là-bas dis » !

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#OnN’estPasDeL’étranger si on n’est pas obsédé par le fait de pouvoir manger comme chez nous, comme Là-bas dis ! (1) Et notre 1ère préoccupation n’est pas de trouver le n° de téléphone de M. Garbit mais de savoir où trouver les produits de notre pays car la cuisine est le lien le plus fort qui nous relie avec lui. Elle nous plonge à coup sûr dans nos souvenirs, nos joies et nos peines… bref dans notre vie d’autrefois.

En effet, notre mémoire sensorielle est redoutablement efficace. Elle grave tous nos souvenirs gustatifs et olfactifs à l’encre de chine et les range précieusement dans une « boîte de Pandore » qui attend tranquillement qu’on lui ouvre le couvercle. N’a-t-on jamais fait l’expérience de manger un aliment longtemps oublié et de se replonger instantanément dans les lointains souvenirs de son enfance ? C’est l’effet mémoire sensorielle ! Le réalisateur Anh Hung Tran l’exprime à merveille dans « L’odeur de la papaye verte », où cette odeur particulière et réconfortante plonge l’héroïne dans son enfance.

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Chez moi comme dans beaucoup de familles, c’est aussi une histoire d’éducation où les mères sont jugées selon leurs talents de cuisinière. La mienne veillait à ce que sa table soit toujours être accueillante et appétissante. Question d’honneur ! La cuisine était sa raison d’être, son royaume à elle, et malheur à celui qui osait déranger ses affaires. Au restaurant, elle ne mangeait pas, elle testait, goûtait et dépiautait tous les plats afin de les refaire à la maison. En mieux bien sûr, cela va de soi !

Étant vietnamien, je suis forcément obsédé par ce fait de pouvoir manger comme Là-bas dis ! Et à mon grand étonnement, ce ne sont pas les possibilités qui manquent à Roubaix. J’ai été bluffé ! Je n’ai jamais compris pourquoi on peut trouver autant de produits asiatiques à Roubaix. Même Lille et Wazemmes font pâle figure à côté.

Roubaix, c’est le paradis culinaire pour nous asiatiques. C’est truffé d’épiceries spécialisées ; magasins d’ailleurs très fréquentés par la communauté africaine. Notre cuisine est aux antipodes mais les produits de base sont bien souvent les mêmes. Phnom Penh, Seng Aroun et Paris Store sont mes préférés. Chacun sa spécificité, chacun son utilité :

Proche de chez moi, Phnom Penh est tout indiqué pour le dépannage. Le magasin est assez neutre, pas très grand mais suffisant pour y trouver l’essentiel des produits de base.

Pour faire le plein, Paris Store est parfait. Fidèle à la grande distribution, il a tous les aspects pratiques d’un supermarché : gamme large, promotions, parking. Par contre, il lui manque tout le charme et l’authenticité des petits commerçants. Mais soyons francs, les asiatiques sont peu sensibles à ce détail ! Tant que c’est efficace, c’est le principal. Sa boucherie est très pratique et sa rôtisserie un must ; canard, porc laqué et autres délices, sont préparés sur place; un gage de fraîcheur. Et le midi, ne manquez pas le fameux sandwich vietnamien. Rien à avoir avec le traditionnel jambon/beurre !

Et le meilleur pour la fin : Seng Aroun, un peu plus en contrebas. Tenu par une charmante famille chinoise vivant au laos, il est de loin mon préféré. On a du choix, on a des prix, on a de la qualité sans oublier la fraîcheur. Normal, pour être le meilleur, il faut viser l’excellence ! Les produits sont plus spécifiques, plus pointus. Pour les fruits et légumes, c’est là qu’il faut y aller ! Idem pour les herbes aromatiques, la base de la cuisine vietnamienne. Et n’oublions pas l’accueil chaleureux et familial dès que nous franchissons les portes. Ils parlent français, mais aussi vietnamien, laotien et chinois. Quand je cherche à reproduire un plat que faisait ma mère, il me suffit de le dire en vietnamien. Pratique, non ? Pensez à essayer leurs longs beignets (giò cháo quẩy ), mon péché mignon !

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Pour les produits frais, c’est encore mieux ! Il suffit d’aller sur le marché de l’Épeule. En été, on y trouve tous types de légumes : herbes aromatiques, concombres amers, citronnelle, choux chinois, pak choi, liserons d’eau… C’est déjà étonnant de trouver tous ces légumes sur un marché mais ça l’est encore plus quand on voit qu’ils sont aussi vendus par des maraîchers français.

Il y a bien sûr tout d’abord M. Le, le plus typique et originaire du Cambodge ; lui et sa famille nous proposent chaque semaine les légumes qu’ils cultivent dans leur jardin. N’hésitez pas à y aller, leur sourire est contagieux ! À quelques mètres, il y a aussi le stand de Francis et celui de Mathieu avec sa famille. En plus des produits habituels, ils proposent aussi des légumes asiatiques. 1 pierre 2 coups, c’est plus pratique !

Je ne sais toujours pas pourquoi on peut trouver autant de produits asiatiques à Roubaix (2)…  Et ça m’est égal ! Je sais juste que c’est unique et que ça n’existe nulle part ailleurs ! (3)

(1) Clin d’œil au célèbre slogan « Couscous Garbit, c’est bon comme Là-bas dis !» de la pub du même nom dans les années 80.

(2) On m’a expliqué un jour, que Roubaix avait accueilli beaucoup de familles laotiennes et cambodgiennes dans les années 80. Aujourd’hui, ils restent la communauté asiatique la plus représentée dans la ville. Ils y ont construit des pagodes, crée des associations afin de préserver leur culture (fêtes traditionnelles, cérémonies bouddhistes, nouvel an…). Et des épiceries asiatiques se sont en même temps développées. Ceci explique certainement en partie pourquoi les produits alimentaires asiatiques sont si développés à Roubaix.

(3) Ma famille en Normandie et ma sœur d’Angleterre sont elles aussi très agréablement étonnées, voire jalouses. Du coup, je suis devenu le fournisseur officiel de la famille Nguyen 🙂

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(1) PHNOM PENH – 78 Rue de l’Épeule – 59100 Roubaix – Tél. 03 20 24 45 30
Tous les jours (sauf le mardi) de 9 h à 19 h 30

(2) PARIS STORE – 23 Rue du Collège – 59100 Roubaix – Tél. 03 28 53 24 30
Du lundi au samedi de 9 h à 19 h 30

(3) SENG AROUN – 143 Grande Rue – 59100 Roubaix – Tél. 03 20 73 42 49
Du mardi au dimanche de 9 h à 19 h 30

(4) MARCHÉ DE L’ÉPEULE – Rue de l’Épeule – 59100 Roubaix
Le Dimanche de 8 h 30 à 14 h

Comme un vilain petit canard…

Mon dernier voyage en Corée m’a fait prendre conscience d’une chose : je serai toujours considéré comme un étranger où que je sois. En France, je suis l’étranger qui s’est bien intégré. En Asie, je suis l’étranger aux traits asiatiques.

Depuis enfant, je n’ai jamais cherché à revendiquer ma différence. Bien au contraire, j’ai toujours voulu être Monsieur Tout le monde, celui qui se fond dans le décor. Je cherchais à m’intégrer comme mes parents m’ont si bien appris à le faire. J’y ai investi toute mon énergie au point de négliger ma propre culture.

Très vite, j’ai appris le français. Mon père nous a d’ailleurs acheté le manuel du savoir-vivre afin de connaître les bonnes manières. Cela explique peut-être mon côté précieux ? J’écoutais tous les tubes du moment. J’étais toujours à la mode. J’ai même fini mon adolescence avec une permanente et des mèches blondes. J’avoue, j’étais déjà une fashion victim !

moi jeuneTout bien réfléchi, je pense que je ne cherchais pas consciemment à m’intégrer. J’étais bien trop jeune pour comprendre ce concept. C’était tout simplement instinctif, un réflexe inconscient de faire partie d’un groupe afin d’exister, afin de me protéger.

J’ai tout fait pour faire partie de ce groupe. J’ai intégré sa culture, j’ai étudié son histoire, j’ai adopté ses coutumes, j’ai appris sa cuisine… En apparence, je semblais avoir parfaitement réussi mon challenge. Mais au fond de moi, je suis toujours resté ce petit vietnamien déraciné. Je me suis toujours senti comme le vilain petit canard en marge des autres. Je ne me suis jamais vraiment senti chez moi. Il m’arrivait d’envier mes amis étrangers au type caucasien. Tout me semblait plus simple pour eux. Je me comparais souvent à Rémi. « … Je m’appelle Rémi, je suis sans famille… »

Aujourd’hui, je parle parfaitement le français avec une pointe d’un accent normand pour faire plus authentique. Le vietnamien est devenu une langue étrangère. Je suis toujours branché hits du moment. Je n’ai plus de permanente, les cheveux blancs ont remplacé les mèches blondes et je fais toujours attention à ce que je porte. J’avoue, je suis resté une fashion victim !

1512036_10152025868126283_5428424271112497953_oJe peux imposer le respect, susciter l’admiration, inspirer la sympathie mais je suis toujours différent. Cette différence est physique, elle est visible. Je la porte en moi, elle est mon apparence. Il n’est pas rare qu’on me parle en anglais dans les magasins à Lille. Visiblement le cliché du touriste japonais avec son appareil photo perdure !

2008 fut une année marquante. J’avais décidé de retourner au Vietnam. J’allais retrouver mon pays natal, mon chez moi. Enfin, je serais dans mon élément. Enfin je me sentirais comme un poisson dans l’eau. Quelle naïveté, quelle désillusion ! Tout me séparait des vietnamiens locaux… j’étais trop gros, j’avais un accent, j’avais les habitudes d’un français. Je n’étais plus eux, j’avais perdu tous les repères de ma terre d’origine! Je découvrais le pays et ses coutumes avec le regard d’un touriste. J’étais au Vietnam, ce que le Canada Dry est à l’alcool. « Ça ressemble à l’alcool, c’est doré comme l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool »

Canada_dry_cropLes vietnamiens, non plus, ne me considéraient pas comme un des leurs. Ils nous appellent les « Viêt Kiều », les étrangers d’origine vietnamienne. Nous, les « Viêt Kiều », nous suscitons la jalousie, la convoitise. Nous sommes vus comme des prétentieux venus étaler notre richesse. Nous leur rappelons leur échec, leur pauvreté. J’étais ainsi réduit à une valeur marchande. Les gens me culpabilisaient en me racontant toute leur misère. Si je craquais, d’autres venaient. Si je refusais, j’étais égoïste car eux n’ont pas « ma chance ». J’étais aussi l’espoir d’un avenir plus radieux pour d’autres. On me draguait sans vergogne.

Dans les autres pays d’Asie où je suis allé (Hong Kong et Corée du Sud), j’étais tout de suite étiqueté comme touriste. Il y a un signe qui ne trompe pas : mon teint! Trop bronzé, je n’entre pas dans les canons de beauté asiatique. Du coup, on me parlait directement en anglais. C’est une évidence, en Asie, je suis toujours sans famille !

Mais alors, à quelle nation j’appartiens ? Celle qui m’a vu naître ou celle qui m’a adopté ? Qu’est-ce qui définit mon appartenance ? Mes origines, mon pays d’accueil, mes références sociales, mes repères culturels ? Dois-je me considérer comme un vietnamien en raison de mon apparence physique ou dois-je me considérer comme un français dès lors que mon cerveau raisonne à la française, parce que je réfléchis, je pense et je rêve en français ?

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Je n’ai pas la réponse et je ne veux plus le savoir car cela n’a plus d’importance. L’important est de se sentir à son aise. Rémi claironnait « … Ma famille à moi, c’est celle que j’ai choisie… ». Et mon cœur a choisi. Il a choisi le Nord. Il a choisi Roubaix. Il a choisi d’être Ch’ti.

C’est quoi la question?

question

Récemment, dans les vestiaires de sport… une discussion :
– J’adore les films de Bruce Lee, c’est toute mon enfance
– Vraiment ? Il aurait pu me citer Drôles de damesme direz-vous !

On ne me l’avait pas faite depuis longtemps celle-là. C’est aussi ça d’être un vietnamien en France. On suscite toujours des questions ! Elles sont généralement un prétexte pour engager la discussion. Parfois subtiles, parfois intelligentes, parfois maladroites mais souvent rhétoriques, voici un pot pourri des plus inattendues…

#Questions sur… mes ORIGINES

Vous êtes chinois ? – Vous êtes né là-bas ? – Vous parlez le vietnamien ? – Vous pouvez me dire quelque chose en vietnamien ? – J’ai du mal à vous reconnaître, vous vous ressemblez tous – Vous avez tous des yeux bridés – Comment vous faites ? Vous êtes tout le temps bronzé – J’ai aussi des amis asiatiques, vous savez ? – Vous êtes déjà retourné au Vietnam ? …

Tous les chinois sont des asiatiques mais la réciproque n’est pas vraie. Tous les asiatiques ne sont pas des chinois ! Je suis vietnamien, né à Saigon. Vu mes origines, je n’ai pas besoin de faire des UV pour paraître bronzé, ma peau est naturellement mate, et si mes yeux sont bridés, ce n’est pas pour me protéger du soleil ! Quoi que, je me demande si ce n’est pas lié. J’en parlerai à Darwin, c’est peut-être véridique !

Je parle couramment vietnamien mais je ne vous ferai pas une démonstration. On n’est pas au cirque ! Mes parents ont toujours privilégié l’intégration dans notre éducation. De ce fait, je n’ai pas grandi dans les traditions vietnamiennes. Je ne fréquente pas forcément que des asiatiques. J’aime les gens pour ce qu’ils sont et en aucun cas pour leur origine. Je suis donc ravi de savoir que vous avez des amis mais inutile de me préciser leur origine. C’est pas très chic!

Mes affinités avec le Vietnam ont toujours été faibles. En effet, ma famille a fui le pays en 1977 et s’est établie en Normandie où j’ai passé une extraordinaire enfance à gambader dans les champs, à courir après les vaches, à jouer Tarzan dans la forêt. Du coup, je n’ai ni atome crochu, ni attirance particulière pour ce pays, un pays qui m’est totalement étranger. J’y suis retourné en 2007 pour la 1ère fois. Je me suis senti comme un étranger parmi mes semblables. Je l’ai alors traversé comme j’ai traversé les autres pays que j’ai visités. Entre le Vietnam et moi, ça restera platonique !

#Questions sur… la CUISINE

Vous savez manger avec des baguettes ? – Vous mangez du riz tous les jours ? – Vous savez faire des nems, j’adore? – J’aime beaucoup la cuisine asiatique. – Vous n’aimez pas le poisson ? C’est étonnant pour un asiatique – Vous mangez du chien ? – Vous mangez des choses bizarres…

On mange avec des baguettes (et non avec les doigts !). Les baguettes n’ont pas la même utilité que les fourchettes. On ne mange pas réellement avec. Elles servent uniquement à mettre les aliments dans le bol, qu’on approche ensuite de la bouche afin d’y pousser la nourriture grâce aux baguettes. Ne vous embêtez donc pas à manger le riz cantonnais avec vos baguettes. Ce n’est pas du tout pratique !

Dans la cuisine vietnamienne, il y a une kyrielle de plats avec du poisson. Mais désolé, je n’aime pas ça ! Au Vietnam, nous avions des bonnes pour enlever nos arêtes ; et en France, comme ma mère travaillait, elle a jugé plus simple de ne plus nous en préparer. Rien de bien ethnique, l’explication est plus basique !

C’est vrai ! Dans certaines régions, on mange du chien, des œufs couvés ou autres mets étranges mais est-ce plus étrange que de manger du cheval, du lapin ou du fromage aux artisons ? Ce sont juste des habitudes culinaires spécifiques à chaque pays. Cela me penser à ma mère. Elle avait horreur quand je faisais la moue devant un plat et me disait « Si tu n’aimes pas, tu ne dégoûtes pas les autres ». Maman, tu es unique !

#Questions sur… mon NOM

Je connais un Nguyen, il est de votre famille ? Comment on écrit Nguyen ? – Nguyen, c’est comme Dupont chez nous ! – Ça veut dire quoi Thanh ? – Thanh ça veut dire François en français ? …

Mon nom, un vaste débat ! En effet, la majorité des vietnamiens s’appelle Nguyen. Sans apostrophe, s’il vous plaît ! Et contrairement à ce que vous pensez, ce n’est pas comme les Dupont mais plutôt les Martin, le nom de famille le plus répandu en France ! Malheureusement, aucun d’entre eux n’est de ma famille dont la plupart vit aux Etats-Unis. Je vous invite à lire le billet que j’avais écrit à ce propos, « it’s Pronounced Nguyen » (cliquez ici).

Concernant mon prénom, la « Pureté » de Thanh n’a rien à avoir avec la « liberté » de François. Je viens juste d’apprendre leur signification. Merci signification-prenom.com ! Je suis devenu François en CE2 en même temps que ma naturalisation française . Je l’utilise uniquement pour les formalités administratives. C’est sûr, c’est moins poétique !

#Questions sur… mon TRAVAIL

Vous êtes tous bons en maths – Vous êtes restaurateur ? Informaticien ? Docteur ?- Vous ne travaillez pas dans cette épicerie ? …

J’ai essayé de faire de la programmation mais parler en binaire, ce n’est pas mon truc. Alors de là à devenir informaticien, il n’y a pas de risque. Je ne suis pas non plus restaurateur. La cuisine, j’adore la faire mais chez moi ! Et s’il vous arrive de faire des courses dans une épicerie chinoise, de grâce soyez indulgent si je ne sais pas où sont les choses que vous cherchez. C’est systématique !

Par contre, vous avez tout à fait raison. J’étais bon en maths. Très rationnel, très cartésien, les maths étaient la matière parfaite; rien à apprendre, juste de la logique ! Mes frères et sœurs étaient aussi très bons, voire meilleurs que moi. Sommes-nous tous naturellement bons en sciences ? Bien sûr que non, tout s’explique !

L’éducation est une obsession pour les vietnamiens. Les mères se jalousent entre elles. Elles se battent pour que leurs enfants soient les meilleurs. Elles restent courtoises en surface mais bouillonnent à l’intérieur quand elles sont menacées. Les enfants doivent étudier les meilleures matières, passer le meilleur bac afin d’avoir le meilleur travail. C’est plus honorifique !

Mon fils tu étudieras les sciences, passeras ton bac S et seras docteur ou dentiste ! Ok Maman, je ferais bac S mais je travaillerai dans la Com et roulerai en Fiat 500. Ne dis pas n’importe quoi !

Mais rassurez-vous, tout n’est pas perdu. J’ai bien un frère dans l’informatique et un autre médecin. C’est juste moi qui suis atypique !

D’une baguette à l’autre…

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Me voilà en Normandie, au Val de Reuil, ma ville bien aimée. La ville où je vais passer la meilleure enfance qu’on puisse imaginer. À l’époque, elle s’appelait encore Le Vaudreuil Ville Nouvelle. Comme son nom l’indique, elle faisait partie des 9 villes nouvellement créées suite à un projet d’urbanisation dans les années 1970. Elle était donc parfaite pour ma famille, une nouvelle ville pour une nouvelle vie ; une ville à bâtir pour une vie à construire.

La ville était un vaste chantier, toutes les maisons n’étaient pas encore disponibles. Nous nous sommes donc installés provisoirement au « foyer des 4 soleils », un foyer pour jeunes travailleurs. Ce n’est que 3 ou 4 mois plus tard que nous avons pu emménager dans notre home sweet home. Nous étions un peu à l’étroit mais c’était NOTRE maison, une maison entièrement meublée Conforama 70s. Les mêmes meubles que j’ai retrouvés, un jour, en allant déjeuner « Chez Charlotte » à Roubaix. Que de souvenirs, que de nostalgie !

Pour ma mère, la transition a été assez rude au début. Elle a dû du jour au lendemain s’occuper seule des 8 enfants. En effet, au Vietnam, tout était plus simple pour elle. Elle avait des domestiques pour l’assister au quotidien. C’est pourquoi mes parents avaient quitté le pays avec une bonne, pensant naïvement qu’elle pourrait continuer à les aider. Mais ça ne s’est pas du tout passé comme prévu, celle-ci a vite compris que la France était un pays de liberté et elle est vite partie faire sa vie de son côté. Et elle avait bien raison !

Du coup, ma mère, cette dame bourgeoise, a dû se mettre au travail, d’autant que mon père avait repris son métier de Capitaine dans la marine marchande, et était absent des mois durant. Non seulement elle a dû s’occuper seule de nous, et aussi compléter les revenus du foyer en devenant couturière à domicile. Encore merci pour tout Maman !

Malgré leurs préoccupations, mes parents n’avaient pas oublié leur objectif premier : nos études. Les choses sont alors devenues plus sérieuses pour moi. Il fallait nous préparer pour la rentrée scolaire des vacances de Noël. Le but était de faciliter notre intégration afin de suivre une scolarité correcte.
Pour mener à bien cette mission, ils se sont transformés en véritables « tortionnaires » de l’éducation. Les vacances étaient bel et bien finies. Ainsi donc commence mon apprentissage de la vie !

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Chacun avait un rôle spécifique. Mon père m’apprenait les bonnes manières et ma mère le français. Il m’a appris comment me tenir à table. Il m’a expliqué qu’en France, on ne mangeait pas dans un bol mais dans une assiette et qu’on ne devait plus la tenir dans la main. Ouf, j’ai eu peur car c’est super grand et lourd ! J’ai dû abandonner les baguettes et les remplacer par des couverts. Il restait derrière moi, et mettait consciencieusement le couteau dans la main droite, la fourchette dans la gauche en prenant soin de poser l’index sur le dos des couverts afin les maintenir fermement. J’ai aussi appris l’existence d’un autre type de baguette : le pain, cette fierté française connue dans le monde entier et qu’on utilise comme un 3e couvert pour saucer l’assiette !

Ces choses si simples du quotidien qui vous apparaissent comme une évidence, j’ai dû les apprendre une à une. Et ce n’était pas toujours facile. Je n’étais pas habitué à ces couverts, je ne « ressentais » plus ce que je mangeais, et j’avais l’impression d’utiliser des outils de bricolage.

Ma mère de son côté m’enseignait le français. Et elle avait une technique bien à elle, une technique originale mais je suppose que c’est ainsi que ses parents, eux-mêmes instituteurs, lui ont appris le français… Elle nous faisait copier des lignes et des lignes jusqu’à ce qu’on les mémorise. Ma sœur et moi les copiions sans fin et sans en comprendre un traître mot. Et quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai commencé à comprendre le sens réel de ce qu’on écrivait !

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En effet, quand on débute dans une langue, les premiers mots qu’on nous apprend sont habituellement « bonjour », « comment ça va ? », « merci beaucoup » voire des gros mots. Que la personne qui n’a pas fait ça, me jette la première pierre !
Ma mère, elle, me faisait copier et apprendre par cœur « les élèves ne sont pas sages, la maîtresse les punit ». J’étais super fier de moi, je pouvais enfin parler le français. Je répétais sans cesse cette phrase comme une litanie.

Le jour J est enfin arrivé, j’étais fin prêt pour aller à l’école. J’entrais, un peu intimidé, dans ma nouvelle classe de maternelle. Les débuts ont été très difficiles. Oui, je savais me tenir à table mais ils avaient oublié de me prévenir qu’on ne mangeait pas du riz à la cantine, que ce n’était pas bon, que le camembert ça puait… Oui je comprenais un peu le français mais tout le monde parlait bien trop vite et n’avait pas l’accent vietnamien de ma mère…

Malgré ces perturbations, cela n’a pas pris longtemps pour me faire une bande de copains. C’était assez comique quand j’y repense ; on jouait, on s’amusait mais en silence car personne ne se comprenait. Un jour, je décide de leur parler et imaginez leur tête quand ils ont entendu ma litanie « Les élèves ne sont pas sages, la maîtresse les punit ». Mon 1er grand moment de solitude ! Je vois encore ma sœur me dire « Je pense qu’il faut arrêter de dire cette phrase, ça ne doit pas être gentil ». Tu m’étonnes et encore merci maman !

Donne-moi ta main et prend la mienne…
Les grandes vacances sont arrivées. Mais nous, on ne partait pas en vacances. C’est une habitude typiquement française et mes parents ne connaissaient pas tous ces usages (Tiens, une idée pour un autre billet). De toute façon, on n’avait ni le temps et encore moins les moyens. De toute façon, je ne parlais pas encore assez bien le français et il fallait me préparer pour mon entrée en CP. Tu parles de vacances ! Chaque jour, je devais apprendre à lire et à écrire. La télé m’a aussi beaucoup aidé. Vive « Dorothée et ses amis » et « Récré A2 » où je me suis fait des amis comme Félix, Casper, Casimir, Candy…

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Ma grande sœur a aussi pris le relais. Elle m’enseignait les maths. J’ai appris à faire les additions et soustractions. Il faut croire qu’un enfant apprend très vite car en CP, j’étais le seul de la classe à savoir lire, écrire et calculer dès la rentrée ! Super efficace votre méthode !

Cette éducation a marqué toute mon enfance. Aujourd’hui encore, quand je tiens mes couverts, je fais attention à bien poser l’index ; quand je parle, je dis rarement des grossièrement et je fais très attention aux mots que j’utilise. Merde, c’est vrai quoi ! Oups, pardon papa et maman !

Recette de NEM (Chả giò)

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Qui ne connaît pas le nem de nos jours? Comme le couscous, il s’est complètement intégré dans le paysage culinaire français. Aujourd’hui, on le trouve partout. Mais saviez-vous que c’est un plat vietnamien, un plat en soi qu’on mange comme plat principal? Comme la pizza, il a été décliné dans différentes versions. On a ajouté des sauces, on a mis du curry, voire même du foie gras dans sa version Cyril Lignac.
Dans la vraie, la seule et l’unique version vietnamienne, le nem est simple. Son goût est assez neutre et il va s’accorder subtilement avec les accompagnements qui vont donner tout le goût du plat.

Le nem fait partie du tiercé gagnant de la cuisine traditionnelle vietnamienne. Je vous ai donné le phở, je vous ai donné le porc au caramel, maintenant je vous donne nem.

Normalement, on le prépare avec des galettes de riz. Mais c’est long et fastidieux. Petits, ma soeur et moi, étions souvent de corvée pour la préparation. Ma mère préparait la farce, on la mélangeait. Puis on humidifiait les galettes et on les posait sur du linge de table. On mettait ensuite la farce et elle passait pour les rouler. Ainsi de suite… Du taylorisme à la Nguyen !

 Le nem est donc un plat principal. On peut le manger de 2 façons; soit on le roule dans une feuille de salade avec du vermicelle, des herbes, du soja, du concombre et on trempe le tout dans la sauce; soit, pour les plus fainéants, on mélange tout dans un bol. Attention,  il y a un ordre à respecter. Ben oui, on ne fait pas n’importe comment ! On met d’abord le soja, le concombre, puis le vermicelle. On termine avec le nem coupé en morceaux et les herbes, et on arrose le tout de sauce. Parfois, j’entends le mot Bo Bun mais je ne sais pas ce que c’est en fait !

Aujourd’hui, j’ai moins de temps alors je préfère donc utiliser des galettes de blé chinoises, tellement plus pratiques ! Et je fais travailler ma belle famille. Ils adorent ! C’est devenu une tradition conviviale. Quand on se voit, on fait des nems. C’est la « nem factory ». C’est l’occasion de discuter, critiquer, de se moquer gentiment du travail de chacun dans la bonne humeur. Ils emportent avec eux ces nems à Clermont-Ferrand qu’ils congèlent amoureusement !

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La Nem factory Minard

Bien sûr, chacun met la main à la pâte; moi le maître de chantier, je prépare le matériel, Robert, mon beau-père au pétrissage et à la cuisson; Mounette, ma belle-mère et Fred au roulage. Quand Marianne, ma belle-soeur est là, même traitement surtout qu’elle roule super bien. C’est un moment magique !

INGRÉDIENTS
– Porc maigre (ou poulet, et je ferme les yeux !)
– Vermicelle fin
– Champignons noirs
– Carottes
– Oignons
– Soja
– Galettes de blé
– Farine (juste un peu)
– Sel et poivre

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– Mélanger du porc hâché avec des carottes râpées, des oignons émincés, soja, vermicelles, champignons noirs, sel et poivre.

– Ne pas hésiter à mettre beaucoup, beaucoup de légumes (au Vietnam, la viande est très chère, c’est pour cela qu’il y a beaucoup de légumes dans la farce)

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– Préparer de la colle avec un peu de farine et eau

 Photo 3
– Découper les galettes en 2 en triangle pour les nems
– Faire aussi des plus petits triangles qu’on mettra sous la farce pour renforcer. Ma belle famille appelle cela un « protège slip » !

 Photo 4
– Disposer une galette avec un « protège slip » pour le renfort
– Puis par-dessus la farce en tassant bien

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– Replier chaque côté et commencer à rouler en serrant au maximum
– Il ne faut pas laisser de vide. Si c’est trop lâche, le nem va s’imprégner d’huile !

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– A la fin, mettre un peu de colle sur le bout et terminer le roulage
– Pas trop de colle, sinon cela va être trop humide et le nem va éclater à la cuisson !

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– Résultat d’un nem fini

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– Frire rapidement, sinon la farce va détremper la galette et la fera éclater à la cuisson
– Si vous ne les mangez pas de suite, ne les faites pas trop dorer
– Vous pourrez les congeler et le refaire cuire ensuite (four ou friture)

 

Vous voulez manger quoi ce soir?

UNE DISCUSSION D’AUTREFOIS

ma mère : Je vous prépare quoi ce soir?
mon père : thit kho (porc au caramel)
ma soeur : canh chua (soupe au tamarin)
moi : banh xeo (crêpe vietnamienne, mon plat préféré)
ma mère : ok, banh xeo
eux : encore? et nous?
ma mère : arrêtez de vous plaindre ! c’est le dernier !

Repas avec les neveux

Repas avec les neveux

Une discussion banale qui résume toute mon enfance. Au grand désespoir de mon père, mes frères et soeurs, ma mère me faisait toujours les plats que j’aimais. Elle trouvait que j’avais du goût en matière de cuisine car je demandais toujours des choses compliquées et cela lui plaisait. J’étais sa petite fierté; son plaisir était de me préparer un plat et de me regarder le manger. Elle surveillait la moindre de mes réactions. Et si, par malheur, je n’aimais pas, JAMAIS elle ne le refaisait. Elle me disait même « Pourquoi tu vas au restaurant? Ça coûte cher ! » C’était sa façon de dire que rien n’égalait sa cuisine.

J’adorais ça ! Imaginez-vous enfant et ne manger que les choses qui vous plaisent. Je mangeais de tout, j’aimais tout. Enfin, c’est ce que je pensais. Je me suis rendu compte plus tard que j’étais hyper difficile car ma mère était une cuisinière hors pair. En fait, je mangeais de tout mais uniquement ce qu’elle cuisinait.

Un plat de ma soeur

Un plat de ma sœur

Vous vous doutez que la cuisine occupe une place très importante dans une famille vietnamienne. Après l’éducation des enfants, la cuisine est l’autre sujet de discussion des mères vietnamiennes. Elles discutent, elles échangent leur recette, elles se jalousent. Bien sûr, on oublie volontairement de mentionner quelques ingrédients pour éviter que leur plat soit meilleur que le nôtre.

Le graal est d’être reconnue comme la meilleure cuisinière dans son cercle d’amies! Et ma mère ne faisait pas exception. Elle adorait les défis, les choses compliquées et longues à préparer. Elle passait des heures et refaisait les plats jusqu’à ce qu’elle en soit satisfaite. Elle était perfectionniste. Je vois encore le regard dépité de ma soeur et moi : « oh non, pas encore son gâteau marron ! » (nous l’avions même baptisé entre nous « gâteau caca »…). Une fois satisfaite, elle cuisinait le plat à ses amies et se pavanait en disant  » Vous aimez mon plat? J’ai improvisé un petit truc rapide. » ( Ben voyons Maman, on te croit !)

Pour elle, un plat ne devait manquer de rien. A chaque plat sa sauce, ses herbes, son assaisonnement. Non seulement ,il devait être bon mais il devait aussi être beau. Combien de fois ne l’ai -je entendu s’excuser auprès de ses amis parce qu’en l’aidant, je n’avais pas coupé la viande ou les légumes comme il le fallait…Merci Maman !

Fondue vietnamienne

Fondue vietnamienne

Ma grande soeur d’Angleterre n’échappe pas à la tradition, elle est même devenue pire que ma mère. Vous connaissez des gens qui partent en vacances avec leurs casseroles, leurs ustensiles et leurs provisions ? Vous connaissez des gens qui ont 5 congélateurs et 2 frigos? (pour 2 personnes…)

Et je dois l’avouer, moi aussi je tiens de ma mère. Fred aime se moquer de moi et me faire remarquer que je suis devenu tout aussi exigeant…Je ne mange pas un plat quand il n’y a pas tout ce qu’il faut. Je ne vais que rarement dans un restaurant vietnamien car je sais que cela ne sera pas préparé comme ma mère l’aurait fait. Régulièrement, je lui dis : »Mais ce n’est pas comme ça qu’on coupe les carottes ! »

UNE DISCUSSION D’AUJOURD’HUI

Fred : On va au resto pour la Saint Valentin?
moi : Pourquoi aller au resto, tu ne veux pas que je te fasse un bon petit plat?
Fred : Y’en a marre de tes bons petits plats ! J’en mange tous les jours !

Maman, tes remarques me manquent, ta cuisine me manque, TU ME MANQUES ! 

Note de Fred sur la cuisine de Mounette*

Le rôti de veau aux coquillettes du samedi midi ne passe toujours pas. Maman, ta cuisine ne me manque pas tant que ça.
*ma belle-mère

It’s pronounced NGUYEN

 

You say it like it’s spelled: « Nguyen. »
The N and the G are silent and combine to form a W sound
As for the U, it sounds more like an E
Also, ignore the Y and the E
« Nguyen. » What’s the issue?

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Le site itspronouncednguyen.com m’a tout de suite conquis. Il m’a fait rire par sa justesse. Il m’a donné l’idée de faire cet article afin d’apporter quelques explications sur mon nom de famille.

J’entends souvent : « C’est comme les Dupont chez nous ». J’ai tout simplement envie de hurler : « Je n’en sais rien, je ne connais aucun Dupont« . Je ne comprends pas cette fascination pour les Dupont. Vous en connaissez réellement des Dupont dans votre entourage?

Quant à son orthographe et à sa prononciation, là aussi il y a matière à débat. Certains l’écrivent avec une apostrophe, d’autres non! Certains prononcent le « N », d’autres non! Qui a raison? Malheureusement personne !

Voici la bonne orthographe : Nguyễn. En ce qui concerne à la prononciation, je vous laisse tester. Bonne chance !

Il faut aussi savoir que le Vietnam est très pauvre en patronymes. On estime que 40% des vietnamiens s’appellent Nguyen. Ne soyez donc pas surpris, je ne suis pas de la même famille que votre connaissance.

Il en est de même pour les prénoms. C’est pourquoi tout vietnamien qui se respecte a un prénom composé. La tradition veut que le garçon prenne le prénom du père en plus du sien et la fille, celle de la mère. Mon père s’appelait Nguyen Van Phuoc, (et non Papa). Donc en toute logique, mes parents m’ont appelé Nguyen Phuoc Thanh.

Bracelet

Mon prénom gravé sur le bracelet que je portais le jour de mon évasion

Mais ça c’était avant ! Maintenant, je m’appelle François Thanh Nguyen. Mes parents ont jugé plus commode de nous donner des prénoms français et de retirer la partie centrale. Pour la petite anecdote, ils ont étudié dans des écoles françaises. Et par superstition, ma mère pensait que nous donner des prénoms de rois et de reines français nous apporterait plus de chance dans la vie. Inutile donc de me demander si François veut dire Thanh en vietnamien. Vous connaissez la réponse !

On m’appelle Thanh, on m’appelle François…Pour vous je serais simplement Thanh

UN PEU D’HISTOIRE

Mes ancêtres se nommaient autrefois Ngô, le nom d’une dynastie chinoise régnante au Vietnam. Suite à un coup d’état, les vietnamiens ont décidé de tuer toutes les familles Ngô afin d’éviter que les chinois ne reprennent le pouvoir. Ma famille a donc pris un nom vietnamien afin d’échapper au génocide.